092                MEMOIRES UE PIERRB DE L'ESTOILE.
du duc de Mayenne, a fait entrer dans Paris quelques compagnies d'Espagnols, Walons et Italiens, avec grande quantité de doublons, pour contenter les pen­sionnaires et conserver la ville.
Le dimanche 9, avis est venu de Mantes qu'avant-hier fut faite une grande cérémonie dans l'eglise de Notre-Dame de la même ville, à l'occasion de ma­dame Louise de Lorraine, royne douairiere de France, veuve du feu roi Henry iii ; dans laquelle le sieur de Guesle, procureur general du Roy, a fait une très belle remontrance sur l'assassinat dudit feu Roy.
Sur quoi Sa Majesté a promis à ladite Royne que - justice seroit faite de tous ceux qui se trouveroient coupables, attendant un tems opportun pour les cere­monies funebres qui sont dues à un si grand roy.
Le mercredy ia de janvier, le duc de Mayenne a mené le duc de Guise au parlement, cuidant par cc moyen détruire les bruits qui courent sur la mésintel­ligence de ces deux princes (car on' dit que le duc de Mayenne a obtenu parole du légat et de dom Diego d'Ibarra que le roy Philippe leur maître donnera l'In­fante à son fils). Etant à la chambre, il a notifié à la cour qu'il avoit diminué grandement les impôts, et leur a fait un discours plein d'attachement singulier pour la cour en general, et pour chaque particulier. Le même jour, ont paru plusieurs copies d'un ma­nifeste fait par le sieur de Vitry, adressé à la jioblesse de France, dans lequel il expose au long les causes qui l'ont mû de quitter le parti de la Ligue, pour rentrer en celui du Roy. Entr'autres, qu'ayant porté les armes depuis son bas âge pour le service des rois de France, il n'avoit quitté le Roy à present regnant que parce
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